Un texte difficile à entendre, mais qui devrait être entendu : la réalisation immédiate et obligatoire de tout désir, vers laquelle notre société paraît s'incliner, n'a pas que des aspects positifs. Le "tourisme procréatif" est-il une attitude adulte responsable ?

 

"La tâche du psychanalyste n'est pas d'accompagner le sujet dans la réalisation de son rêve, mais de favoriser les conditions qui lui permettront de s'en servir pour accéder à ses désirs inconscients sans en passer par la monstration qui est au principe de l'acting out"

J.-P. W.

 

 

Dans le Séminaire L'envers de la psychanalyse, Lacan, s'interrogeant sur ce qui pourrait définir le "père réel", une catégorie pourtant inventée par lui pour le différencier du père symbolique et du père imaginaire, écrivait : "Il n'y a qu'un seul père réel, c'est le spermatozoïde et, jusqu'à nouvel ordre, personne n'a jamais pensé à dire qu'il était le fils de tel spermatozoïde". C'était en 1970 et nous pouvons nous demander si ce "nouvel ordre" n'est pas, aujourd'hui, advenu. Car j'ai entendu encore récemment des jeunes gens, élevés dans ce qu'on appelle chez les sociologues et les journalistes les "nouvelles familles", des jeunes gens dire qu'ils avaient "rendez-vous avec leur spermatozoïde" !


L'expérience de la psychanalyse, et ce depuis son origine dans le fameux cas princeps traité par Breuer, nous a conduit à observer que le transfert pouvait induire chez certaines patientes la pensée que leur analyste était le père réel de l'enfant qu'elles avaient conçu pendant la cure. Rappelant ce fait psychique maintes fois observé, Lacan indique qu'il s'agit d'un rêve et que le psychanalyste devrait "s'arracher un tout petit peu au plan du rêve(1)".

C'est ce que je voudrais tenter de faire à partir des multiples questions posées par les nouvelles formes d'agencements familiaux qu'autorise la science d'aujourd'hui, en centrant ma réflexion sur un cas particulier, celui de l'"homoparentalité".

 

 

Priver a priori un enfant d'un père ou d'une mère

 

Remarquons tout d'abord que ce néologisme, forgé de toutes pièces pour les besoins militants de la cause, entend substituer parentalité à parenté, c'est-à-dire une fonction, celle de nourrir, aimer et éduquer, au fait de l'engendrement dont cette fonction n'est, sauf accident, que la conséquence. De plus, il laisse entendre que deux personnes de même sexe peuvent exercer cette fonction sans préjudice de ce que devient la dimension de la parenté et de la sexualité ainsi évacuées. Le terme même d'homoparentalité nous situe ainsi d'emblée du côté du rêve.

Or, contrairement à ce qui est parfois soutenu, la tâche du psychanalyste n'est pas d'accompagner le sujet dans la réalisation de son rêve, mais de favoriser les conditions qui lui permettront de s'en servir pour accéder à ses désirs inconscients sans en passer par la monstration qui est au principe de l'acting out. Le psychanalyste est là pour inventer l'interprétation qui libère le sujet de l'inadéquation entre ses affects réprimés et ses signifiants refoulés, inadéquation qui est la principale cause de ses symptômes et de ses angoisses.

En l'occurrence, nous nous interrogeons sur la signification de ce rêve exprimant le vœu de faire, et donc de se faire "faire" des enfants, en les privant a priori, et non par accident, d'un père ou d'une mère.

La théorie qui soutient ce rêve en le nommant réalité s'inspire, le plus souvent, des gender studies qui différencient sexe et genre pour affirmer le caractère obsolète de la différence des sexes et de son importance dans l'édification du psychisme humain. Il arrive qu'elle s'inspire de quelques propos d'analystes et curieusement des élaborations de Freud et Lacan. Elle promeut une tentative louable de sortir l'humain de sa gangue biologique mais c'est au prix d'un considérable malentendu.

Si, par exemple, il est exact qu'on peut inférer de la théorie analytique que les rapports amoureux entre les sexes sont essentiellement imaginaires, il ne s'en déduit pas que pour l'Homme, cet imaginaire est ce qui l'arrache à son animalité. Bien au contraire, puisque la dimension de la parade amoureuse est ce que nous avons en commun avec la nature animale pour ce qui vise les rapports copulatoires. La différence avec le règne animal se situe dans le fait que, pour nous cet imaginaire est pris, d'une part, dans un discours et d'autre part, bordé par le réel. Autrement dit, au delà de nos rêves ou de nos fantasmes, il y a le fait que nous sommes castrés. Cette castration n'est pas seulement le fait d'une crainte imaginaire, elle est aussi symbolique : pour un homme, une femme symbolise ce qui le castre, en tant que représentation de son incomplétude ; tandis que pour une femme, un homme est ce qui ne peut que la décevoir, puisqu'à la place du phallus symbolique désiré, elle ne trouvera que le pénis réel. Ainsi entendue, la castration est symbolique pour le sujet quand il renonce à être ce qu'il n'est pas ou à avoir ce qu'il n'a pas, le récupérant dans la parole qui l'humanise. Son désir se distinguant alors de son besoin, il perd l'objet - le sein, par exemple, au moment du sevrage - pour le symboliser. Ce qu'il veut obtenir, dès lors, c'est la reconnaissance de ce désir plutôt que sa satisfaction immédiate.

Le réel pour l'un comme pour l'autre consiste, aussi douloureux que ce soit, à se cogner au fait qu' "il y en a qui n'en ont pas, de phallus"(2). Il en résulte que la castration symbolique, qui est ce qui sépare le règne de l'être parlant de celui de l'animal, consiste à "tenir compte de ce qu'il y ait des femmes, pour le garçon, qu'il y ait des hommes, pour la fille"(3).

Loin donc que le constructivisme sur lequel se fondent les tenants de l'homoparentalité nous sépare de l'état animal, il nous y ramène en créant les conditions d'un évitement délibéré de la castration symbolique. C'est ainsi que par voie de conséquence, les enfants conçus et élevés dans ces conditions sont conduits à dé-symboliser leur procréation en recourant à un réel qui réduit le père à sa nature biologique sous l'espèce, par exemple et comme nous l'avons vu, d'un spermatozoïde.

La question n'est pas de savoir s'ils s'en porteront mieux ou plus mal. L'invocation, devenue rituelle, d'études tendant à démontrer qu'ils ne présentent pas de pathologies spécifiques, ne résout pas le problème de savoir si la loi doit entériner une revendication tendant à faire passer un rêve - un enfant entre femmes ou un enfant entre hommes - pour la réalité. Pourquoi ? Les conséquences d'un tel bouleversement dans les agencements généalogiques ne concernent pas seulement ce qui se produit, de fait, dans la minorité homosexuelle. Les nouvelles législations dans certains pays autorisant l'homoparentalité, telle l'Espagne ou le Canada, montrent que c'est l'ensemble du système qui sera modifié pour tous, si des changements devaient intervenir dans l'écriture de la filiation. Ainsi l'Espagne a-t-elle remplacé les noms de Père et de Mère par les notions de "Parents A" et "Parents B" au nom de l'égalité confondue avec l'indifférenciation. À l'insu des protagonistes, ce qui s'avoue dans cette affaire c'est que l'idéologie parentaliste est une des formes nouvelles d'une guerre larvée menée contre l'hétérogène donc contre l'Inconnu, l'étrange Étranger ou l'Autre qui ne saurait être que l'Autre sexe, celui dont les modalités de jouissance nous resteront énigmatiques à tout jamais. Ainsi malgré des propos manifestes qui prétendent favoriser l'égalité, il apparaît que ce discours ouvre grandes les portes d'un renforcement de la ségrégation, car c'est un fait que la jouissance de l'autre nous est difficilement supportable. Ce qui, s'il en était besoin, se confirme par l'extension des divers communautarismes qui regroupent ceux qui participent d'une même satisfaction collectivisée.

 

 

L'amour parental ne suffit pas

 

Ne sous-estimons pas les risques que nous encourrions à soutenir, non pas la pratique de fait des diverses formes d'homoparentalité, qui sont autant de solutions individuelles contre lesquelles tout psychanalyste n'a d'autre choix, quand il est sollicité, que d'en prendre acte, mais leur légalisation à la hussarde pour des motifs de politique à courte vue.

S'il ne s'agissait, pour porter un sujet de la vie à l'existence, que d'amour et d'éducation, rien a priori ne s'opposerait à ce que des couples formés de partenaires de même sexe prennent en charge des enfants qu'ils n'ont pas pu eux-mêmes concevoir. Raison pour laquelle l'adoption d'enfants par des couples homosexuels ne poserait pas plus de problèmes que l'adoption, déjà légale, par des personnes seules. Dans ce cas de figure, seul l'avenir nous dira s'il eût été judicieux de ne pas chercher à compliquer toujours plus la vie d'enfants que leurs géniteurs ont été contraints d'abandonner ou de confier à d'autres. Mais dans les cas où des hommes ou des femmes de sexe identique ont recours à des tiers - mères porteuses ou hommes faisant don de leurs spermatozoïdes - le problème sera très différent. Un enfant adopté sait, explicitement à condition qu'on lui ait raconté son histoire, implicitement si on la lui a dissimulée et qu'il lui a fallu la déduire, que les personnes tutélaires qui s'occupent de lui ne sont pas celles qui lui ont donné la vie. Mais il sait aussi que sa situation est la conséquence d'un accident - matériel, politique, psychologique... - dans la vie de ses géniteurs venue croiser une infertilité ou une volonté chez ses parents adoptifs. Il se sait fils ou fille d'un homme et d'une femme même s'il souffre dans certains cas de ne pas pouvoir savoir qui ils sont et pourquoi ils ont dû s'en séparer.

A contrario les enfants dont la conception a nécessité un contrat préalable sont sommés de croire qu'ils sont le fruit du désir de deux personnes dont ils apprendront qu'elles ont dû, pour le matérialiser, recourir à un tiers qui, bien qu'il soit indispensable à leur procréation, pourra ne compter pour rien dans l'écriture de leur histoire ou de leur généalogie.

Même si ces enfants s'entendent raconter l'histoire de leur conception telle qu'elle s'est factuellement déroulée, ils ne pourront qu'être sensibles à l'effacement de celui ou celle qui se sera prêté à ce scénario pour des raisons soit charitables soit vénales. L'absent du récit, comme le confirment de nombreuses histoires cliniques s'apparentant à ces situations, aura le statut d'un fantôme ayant le pouvoir de toujours ramener celui qu'il hante à son énigmatique origine. La parenté se transforme alors en "part-hantée". Ne pas pouvoir oublier son origine - dans l'ordre de la filiation - est sans conteste une impasse pour celui ou celle pour qui cela crée comme un vide aspirant son avenir. Constamment tourné vers l'énigme de son origine, le sujet ne construit plus son devenir que pour réaliser un passé qui lui échappe et, tel un amnésique, il oublie ce qu'il projette de faire. Il se peut qu'il n'en souffre apparemment pas mais il y sera logiquement confronté à l'heure où le désir d'avoir des enfants lui posera la question de ce qu'il peut ou ne peut pas transmettre.

Certains sceptiques diront : "Est-ce vraiment aussi décisif ? L'important pour un enfant n'est-il pas qu'il soit accueilli dans un entourage aimant et pédagogique ?"

S'il est souhaitable que ce soit le cas, la question est de savoir si c'est suffisant. Nul ne doute qu'un couple homosexuel ne soit capable de dispenser autant d'amour et autant de consignes pédagogiques que n'importe quel autre couple hétérosexuel. Pourtant, l'expérience de tout un chacun le conduit à constater que nombre d'enfants bien élevés et suffisamment aimés sont néanmoins des enfants souffrants. Dire aux parents qu'il suffit qu'ils aiment leurs enfants pour que ceux-ci se portent au mieux ne peut avoir pour effet que de les culpabiliser quand il s'avérera que, malgré leurs bons sentiments et leur bonne volonté, quelque chose leur a échappé qui s'est traduit pour leur progéniture par des symptômes plus ou moins graves. Aussi paraît-il peu judicieux d'affirmer, comme l'ont fait certains ministres, de droite comme de gauche, qu' "un enfant a surtout besoin d'amour". D'autant que personne ne peut prouver que ce qu'il nomme amour est reçu comme tel par celui ou celle à qui il est adressé et chacun sait que les méprises de l'amour sont à la racine de bien des malentendus notamment entre les générations. De plus, bien malin qui nous donnera un critère sûr pour distinguer l'amour de la haine d'une part, l'amour de l'allégation d'amour, d'autre part. Face aux incertitudes et aux intermittences du cœur, seule la loi permet de dire comment devront se répartir les jouissances de façon à préserver le principe selon lequel la liberté des uns s'arrête là où elle commence à nuire à celle des autres.

Par ailleurs, nous avons eu souvent l'occasion de constater que l'auto-perception de sa propre illégitimité dans la filiation peut conduire ceux qui se veulent parents d'enfants "adoptés" à se comporter de telle façon qu'ils espèrent fonder leur légitimité par un surcroît d'actions éducatives. Ainsi s'affirment-ils plus pédagogues et plus moralistes que ceux pour qui la filiation ne fait pas question. J'ai ainsi recueilli à propos d'un couple d'homoparents le témoignage de leur volonté de se conformer à un idéal de rigueur éducative qui concernait non seulement leur "enfant" mais qu'ils prétendaient étendre aux camarades de leur petite fille.

 

 

La différence des sexes : le réel, le symbolique et l'imaginaire

 

Les militants de la cause homoparentale expriment leur souhait de changer la législation ayant cours au nom du fait que les enfants qui sont d'ores et déjà élevés dans ces conditions devraient être protégés par la loi. Remarquons que cet argument n'est utilisé que lorsque la loi invoquée est conforme au politiquement correct et ne l'est plus quand elle concerne des enfants éduqués dans des contextes que les "progressistes" semblent désapprouver. Ainsi par exemple, il existerait de 50 000 à 150 000 enfants vivant en France dans des familles polygames sans que personne pour autant ne réclame une loi qui légaliserait ce type d'alliance. Le fait que certains aient par ailleurs choisi le tourisme procréatif pour se faire faire des enfants en transgressant les lois françaises pourrait apparaître comme une forme de chantage dont ces enfants seraient les instruments. S'il est vrai qu'il faut parfois transgresser les lois pour obtenir les changements souhaitables, il n'est pas indispensable, dans une démocratie, d'avoir recours systématiquement à la désobéissance civile quand le dialogue peut se poursuivre raisonnablement dans les assemblées prévues à cet effet. Ceci d'autant plus qu'aucune urgence ne saurait être invoquée puisqu'en France, depuis l'abolition de la notion d'enfant naturel en 1972, tous les enfants ont aujourd'hui les mêmes droits quelles que soient les familles dans lesquelles ils ont vu le jour. S'agissant de protéger les "droits" de la compagne ou du compagnon, le problème est autre et peut, de toute façon, trouver une solution par les voies notariales.

Revenons à ce qui semble être une contradiction majeure. Cette contradiction est un symptôme de ce qui, dans notre société, tend à se modifier pour transformer ce qui relève de la parenté en parentalité. D'un côté, les tenants du "progrès" veulent convaincre, s'appuyant sur les travaux de quelques anthropologues et de quelques psychanalystes, que la famille ne relève que d'une construction sociale et juridique. Dans certains cas, ces mêmes auteurs iront jusqu'à affirmer que cette construction est avant tout judéo-chrétienne quand elle n'est pas quelques fois taxée d'être bourgeoise. D'un autre côté, les progrès de la biologie permettent aujourd'hui de rendre obsolète l'adage romain selon lequel pater semper incertus est, puisqu'il est possible désormais d'établir avec une certitude quasi absolue qui est le géniteur de l'enfant. Logiquement les tenants de l'option selon laquelle l'intention l'emporte sur la réalisation devraient se contenter d'adopter des enfants. Mais, curieusement, les "homoparents" revendiquent à la fois la filiation intentionnelle et la filiation génétique pour au moins l'un d'entre eux. Pourquoi ? Ils témoignent ainsi du fait que, quoiqu'ils en disent par ailleurs, toute action mettant en jeu tout ou partie du corps a de fortes résonances symboliques, c'est-à-dire psychiques. Mais alors, pourquoi ce qui leur semble évident pour l'un d'entre eux au moins, leur paraît-il sans motif valable pour le tiers-instrument dont la présence, le corps et l'action ont été nécessaires ? Cette nécessité d'en passer par la trace génétique est si fondamentale qu'il n'est plus rare aujourd'hui d'apprendre que dans tel couple de lesbiennes par exemple, le premier enfant sera conçu par IAD (Insémination Artificielle avec Donneur) avec l'une d'elles et le second, dans les mêmes conditions, par l'autre. Chacune revendique le support d'un réel biologique à l'appui de la conception.

Il en est ainsi, quoi qu'il en soit des discours dénégatifs, parce que la différence des sexes, en tant qu'elle est indissociablement liée à la différence des générations, est à la fois réelle, symbolique et imaginaire. Ainsi en va-t-il également de la différence entre la vie et la mort. Et chacun le sait bien. Bien sûr, ce qui différencie le masculin du féminin s'écrit différemment dans la conscience et dans l'inconscient. Ce dernier, ignorant la contradiction, ne peut représenter la mort propre du sujet ni la différence des sexes. Il réduit ainsi les hommes, les femmes et les enfants à n'être que des signifiants. D'une certaine façon, l'Homme jouit de cet inconscient qui l'autorise à la satisfaction hallucinatoire de ses désirs les moins avouables. Dans les rêves, un pont au-dessus du Pacifique peut se construire en carton. Dans la réalité, aucun pont ne peut franchir cette distance, et surtout pas en carton ! Le psychisme se nourrit du conflit permanent entre la logique propre à l'inconscient et la logique de la raison qui prend en compte le réel. Qu'une psychanalyse aide à mettre en mots ce conflit n'impose pas de transformer ce que nous découvrons dans l'inconscient en une loi qui ne serait que celle de la jouissance "sans entraves" et donc sans désir. Cette jouissance est d'autant plus nocive que, dans l'inconscient, le sujet n'hésite pas à fouetter, meurtrir, tuer quiconque lui a déplu dans sa vie de veille et ce pour la moindre peccadille.

Aussi, quand Lacan dit dans le séminaire Encore : "les hommes, les femmes, les enfants, ce ne sont que des signifiants"(4), ce n'est pas sans avoir rappelé auparavant que s'"il n'y a pas de rapport sexuel", il n'en reste pas moins que : "en tant que [le rapport sexuel] ne va pas, il va quand même - grâce à un certain nombre de conventions, d'interdits, d'inhibitions, qui sont l'effet du langage et ne sont à prendre que de cette étoffe et de ce registre". Ainsi donc, même s'il n'existe pas de réalité pré-discursive, c'est-à-dire de nature hors de la culture, il n'en reste pas moins que ce qui ne va pas du fait du réel se trouve néanmoins supportable du fait des conventions, etc. Conventions et interdits n'abolissent pas le fait qu'il y a deux sexes et que leur rapport est impossible, en ce sens qu'ils ne parviendront jamais à cet Un auquel ils ne cessent pourtant pas d'aspirer. Cet impossible du rapport sexuel fait le tragique et le comique de nos existences. Nous ne pouvons imposer à des enfants de n'avoir pas à s'y cogner.

 

Notes

(1) Jacques Lacan, L'envers de la psychanalyse, p. 148.
(2) Jacques Lacan, D'un discours qui ne serait pas du semblant. Séminaire XVIII, p. 34.
(3) Ibid., p. 34.
(4) Jacques Lacan, Encore, p. 34.
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© Jean-Pierre Winter, in Études, mai 2010, revue mensuelle française catholique de culture contemporaine fondée par la Compagnie de Jésus en mars 1949

 


 

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Jean-Pierre
Winter
Psychanalyste. Dernier livre publié : Homoparenté, chez Albin Michel, 2010.